Quand «Le Devoir» fait le jeu du gouvernement Couillard

Je viens de lire l’article «L’éducation, ce n’est pas la santé» dans l’édition du samedi 25 octobre du Devoir. C’est d’une telle complaisance envers les agissements récents du ministre Bolduc et tellement dégoulinant de jovialisme devant l’état du système d’éducation au Québec que j’aurais été gêné de publier cet article si j’avais été l’éditeur en chef du Devoir. J’ai trouvé le texte assez révoltant pour me donner envie de me remettre à bloguer 😀

Je ne ferai que deux commentaires sur le contenu de l’article.

Primo, Bolduc n’est pas là pour chambouler le système, mais pour y apporter de petits «tweaks». Dixit Yves Bolduc : «Je suis là pour faire de bonnes améliorations». Comme celle de tordre le bras aux commissions scolaires pour qu’ils coupent dans l’aide aux devoirs, dans les budgets accordés au personnel dédié à l’aide aux élèves en difficulté ou à l’aide alimentaire, par exemple? C’est vrai que l’on sent sur le terrain beaucoup d’améliorations!

Deuxio, on y va dans l’article d’un autre «mais notre système est merveilleux, notre score aux tests PISA le confirme»! C’est bien beau les tests PISA (ce sont des tests standardisés qui visent à mesurer le niveau de maîtrise des élèves de juridictions de pays développés et surtout les  comparer entre eux dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences). Sauf ce que le journaliste «oublie» de spécifier, c’est que les résultats du Québec diminue constamment depuis 10 ans dans ces 3 domaines. Il n’y a pas (encore) le feu à la maison, mais il est ridicule de laisser entendre que nous avons «un des meilleurs systèmes d’éducation au monde» à partir de tels résultats. En tous cas, il est fort probable que notre glissade collective continue et que cela nous sorte du «Top 10» de ce classement d’ici quelques années si rien n’est fait.

Mais n’ayez crainte! «[S]i la Finlande devance le Québec, c’est parce que la population de ce pays est « très homogène » comparativement au Québec […]». Tout d’abord, j’aimerais bien savoir à partir de quelle étude ou travail de recherche quelconque le ministre se base pour prétendre que la diversité culturelle fait nécessairement baisser les résultats scolaires. En tous cas, quand on regarde ces résultats au Québec, si certaines commissions scolaires de Montréal où les immigrants sont une grande partie de la clientèle font effectivement piètre figure, on remarque aussi que ces CS sont accompagnées dans la fin du classement par plusieurs de leurs consoeurs des régions éloignées comme la Gaspésie, la Côte-Nord ou le Nord-du-Québec, qui ont les populations les plus homogènes dans la province. Qui plus est, si le ministre avait pris deux minutes pour aller interroger Google, il aurait pu voir que la Finlande, pour une population environ deux fois moins nombreuse que celle du Québec, acceuille plus ou moins deux plus d’immigrants que nous. Cette affirmation est donc archi-fausse de bout en bout.

Il serait temps que le Québec se penche sur l’avenir de son système éducatif. Pas pour enjoliver son état, ni pour l’abattre dans une logique néo-libérale. Si on prend la question d’un point de vue purement économique, normalement, nos élèves devraient faire mieux en ce moment même, car les économies du XXIè siècle seront tournées (et se tournent déjà) vers le savoir et l’innovation. Nous n’avons plus le droit de perdre un seul élève car «on a pas assez de budget».

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